Ce soir, comme promis, on attaque les coquillages :
Les mytiloïdes plus communément appelées moules sont des mollusques bivalves.
Ces espèces sont équivalves et très inéquilatérales, leurs formes allant du triangulaire au flabelliforme, dépourvues de dents de charnière. Les crochets se trouvent à l'extrémité antérieure. Le ligament est développé mais les muscles adducteurs sont vestigiaux.
La moule comme tous les lamellibranches est caractérisée par :
Une coquille bivalve permettant la sauvegarde de la muqueuse
Un manteau (épiderme + derme) très développé qui est formé de 2 lames palléales enveloppant la totalité du corps
Une cavité palléale délimitée par le manteau
Deux muscles adducteurs permettant la fermeture de la coquille
Des branchies baignant dans la cavité palléale
Un byssus (faisceau de filaments) pour se fixer à un support
La moule possède une coquille bivalve. Les deux valves se correspondent, et on observe des stries d'accroissement, ce qui montre que la coquille est sécrétée par le manteau. La coquille est capable de croissance régulière. La coquille est produite par un épiderme unistratifié associé à une structure fibreuse appelé derme.
Les bords du manteau vont sécréter le periostracum, et la couche des prismes et des cellules de l'épiderme vont sécréter les deux couches sous-jacentes. Le mollusque n'est pas entièrement enfermé dans sa coquille.
La fermeture de la coquille est active par contraction de deux muscles attachés aux deux valves :
un petit muscle qui est le muscle adducteur antérieur
un grand muscle qui le muscle adducteur postérieur
L'ouverture est possible grâce à une charnière en position antérieure avec un ligament élastique dorsal.
La coquille a un rôle d'exosquelette normalement très résistants, solidement fixés et bien protégés par leur coquille.
Hormis l'huîtrier pie, rares sont les prédateurs qui peuvent les consommer facilement.
Elles sont cependant vulnérables à certains microbes et parasites ou aux toxiques qu'elles concentrent en les filtrant. Les mortalités collectives sont cependant rarement observées
Elles doivent aussi affronter une compétition pour l'espace disponible sur la zone intertidale.
Remarque : Dans le système de refroidissement des centrales nucléaires qui utilisent l'eau de mer, on traite l'eau avec un biocide (chlore en général) pour tuer les larves de coquillages afin qu'ils ne bouchent pas les installations et tuyauteries. Un impact significatif de réduction du plancton, nourriture des moules peut être observé assez loin en aval de ces centrales. Les moules peuvent y être utilisées pour repérer d'anciennes pollutions qu'elles ont pu en quelques sorte enregistrer et stocker dans leur chair ou dans leur coquille.
Parmi les questions émergeantes posées par la Commission OSPAR et HELCOM, face au manque de données concernant l'importance quantitative et qualitative des dépôts immergés d'explosifs et munitions anciennes sur les littoraux et en mer en Europe et dans le monde, se pose la question des impacts sur les moules et les huitres de toxiques issus de munition immergée commençant à fuir.
Sensibilité
Chez la moule, on va trouver une bouche, mais on ne va pas trouver de regroupement d'organes sensoriels. Cette absence de tête et une cérébralisation réduite ne sont qu'un caractère secondaire lié à la vie fixé.
Les moules possèdent quand même des chemorecepteurs sur l'épiderme. Elle se ferme d'ailleurs rapidement et hermétiquement en présence de nombreux toxiques, ce qui a permis de l'utiliser dans un système d'alarme pour la qualité de l'eau (dans un bac où l'on fait passer de l'eau de mer, elle déclenche une alarme en connectant 2 contacts lorsqu'elle se ferme en présence de certains polluants.)
La moule ne possède pas d'yeux, contrairement à la coquille Saint-Jacques, ce qui n'exclue pas qu'elle soit sensible à la lumière.
La bouche de la moule est entourée par des palpes qui vont permettre d'amener les aliments vers la bouche.
Locomotion
Si sa larve planctonique est mobile, la moule adulte est un animal fixé à son support par le byssus, et donc ne se déplace presque pas. Elle peut se déplacer, mais très lentement, grâce à son pied. Le pied va sécréter un liquide (le byssus), une sorte de colle biologique qui se polymérise rapidement avec l'eau formant des filaments très résistants la reliant au support sur lequel elle vit.
Digestion
La bouche se poursuit par un œsophage très court arrivant à un estomac globuleux pourvu d'un cæcum postérieur long, dans lequel se trouve une tige cristalline qui tourne sur elle même grâce à des cils ; elle a pour rôle de dissociation physique des aliments et la digestion enzymatique.
L'intestin est contourné, il se poursuit par un rectum rectiligne qui passe dans le péricarde et le ventricule cardiaque.
L'anus est situé au-dessus du muscle adducteur postérieur à proximité du siphon exhalant.
Appareil circulatoire
Le cœur, entouré du péricarde, est formé de deux oreillettes et d'un ventricule cardiaque. Le ventricule propulse le sang dans l'aorte antérieure et une aorte postérieure. Ces aortes débouchent dans des lacunes.
Le sang est collecté dans un sinus ventral et filtré par les reins puis gagne les branchies par les veines afférentes et en ressort par les veines efférentes qui le conduisent au cœur.
Il existe deux paires de branchies. Chaque branchie en lamelles possède un feuillet direct et un feuillet réfléchi reliés entre eux par des septa branchiaux transverses : on parle de lamellibranches filibranches.
Reproduction
La maturité sexuelle est acquise au bout d'un an.
Les gonades, au nombre de deux, sont situées dans la « bosse de Polichinelle ». Chez la moule il y a gonochorisme : les gonades sont blanchâtre chez les mâles et jaune-orangé chez les femelles. Les gonoductes s'ouvrent de part et d'autre de la masse viscérale entre le pied et les lamelles branchiales.
La période de reproduction est définie de Février à Juillet.
Les moules mâtures étant incapables de se déplacer, elle ne peuvent s'accoupler. La fécondation est externe et la réussite de la reproduction dépend de la rencontre dans l'eau des gamètes mâles et femelles.
La larve, de type véligère, est zooplanctonique, puis se fixe pour donner l'individu adulte qui, dans la nature, restera fixé jusqu'à sa mort.